7 juin 2009

Bible Nouvelle


L'avenir...
Cela fait un pitit moment que nous n'avons disserté là-dessus, Ô Fidèle. Pour se faire, tu vas devoir te remémorer un livre que je t'avais mentionné, parlant du Monde Parallèle, de numérisation, de manipulations, de lapins, etc.
.

Rainbows End,

De Vernor Vinge.

.
Un roman qui paraissait Ô combien Biblique, Prophétique, Apocalyptique.
.
C'est l'histoire d'un futur, de notre futur... Et je t'assure que ce n'est guère réjouissant. Nous en sommes les créateurs, même si je tente d'y échapper, je crois pouvoir dire sans trop me tromper que je participe à ce monde terrifiant qui nous pend au nez... Le blog, Ô Adoré, le blog... Un monde où la cybersphère a envahi la planète, où le "virtuel a suberti le réel", où à aucun moment nous ne sommes seuls, toujours connectés, sans cesse épiés, sans cesse épiant les autres... Ca me fait d'ailleurs penser à une pub qui passe en ce moment et qui annonce tout naturellement : "Restez connecté où que vous soyez." Alors certes, comme il est doux de se sentir entouré, de sentir également qu'il nous suffit de désirer une chose pour y avoir aussitôt accès ; mais on ne pense pas à quel point il est dangereux de laisser tomber sa vie privée au profit du reflexe : toute l'info, ici et maintenant...
.
" C'est le bien le problème avec les gens d'aujourd'hui. Ils ont échangé leur liberté contre la sécurité."
.
Mais je m'égare.
Je reviens au roman de Vernor... Lequel met en scène un vieux chnoque : Robert Gu, ancien professeur et poète, qui a sombré quelques années auparavant dans la "nuit de l'esprit", autrement dit, Alzheimer. Grace à la technologie moderne, on a pu le "sauver" si je puis dire, lui faire retrouver toutes ses facultés mentales. Mais il va falloir qu'il s'adapte à ce nouveau monde où Technologie et Informatique sont les Maîtres Dominants, les nouveaux dieux. Lui qui a toujours aimé les livres, et qui s'est toujours tenu à l'écart de l'avancé ordinateurielle, le voilà servi !
.
" Robert Gu était le meilleur poète que Juan ait connu. Il était tellement fort qu'il pouvait vous démolir rien qu'avec des mots. "
.
Parallèlement à cela, il va se retrouver mélé à un complot contre-complot visant à sauver une bibliothèque : la numérisation menaçant l'imprimé. Je ne vais point me lancer dans un plaidoyer incertain contre la numérisation, puisque, comme me l'a dit très sagement une Princesse en Rouge un jour : "la numérisation est là, on ne peut pas être pour ou contre, juste faire avec." Soit. Je plie l'échine. Mais ici, dans l'histoire que je décris, la numérisation se fait en détruisant purement et simplement l'objet livre... La question serait de savoir pourquoi les gens veulent à tout prix faire de ces pages un feu de joie... Mais ceci est une autre question...


.
Robert devient l'homme un peu perdu comme nous le serions tous si nous étions projetés quelques... allez, je suis optimiste... 20 ans (?) en avant. L'avancée technologique est telle qu'ils ont réussi à rendre le futile indispensable. Et quoi de plus facile de manipuler un esprit qui entre sur ton terrain, dans ton monde, où tu fixes les règles ? Le libre-arbitre ne veut plus dire grand chose, et la liberté encore moins !!!
Mais je ne vais pas tout te raconter.
.
Même si Rainbows End n'est pas un livre où l'on entre rapidement, à cause d'un vocabulaire... qui nous, (à moins que ce ne soit que "me") dépasse, et de loin, on y parle de manipulation, de conspiration, et même que c'est Lapin qui tire les ficelles ! On se demande bien pourquoi ce titre biblique alors... héhé ( Le mien, de titre, pas de Vernor ! )
Et donc, même si parfois, c'est ardu, on y trouve des passages, non pas marquants au sens où le mot ou la scène te choque, mais... si fort dans le message délivré l'air de rien... que je trouve ça bô moa !
.
Je te montre, et tu jugeras...
.
Là, c'est un passage où on parle de la diffusion de l'information. Dans un monde où Google est notre meilleur ami, normal qu'on en oublie les méthodes plus "traditionnelles".
" Ecoutez, j'adore les vieux poètes, mais la littérature du passé est si difficile d'accès. Si vous vous intéressez à des sujets postérieurs à 2000, il y a des sources critiques partout et les recherches donnent des résultats. Mais pour le reste, vous êtes forcé de chercher là-dedans. (Sharif fit un grand geste pour montrer les livres bien alignés, et les rangées de bibliothèques qui remplissaient l'étage.) Ca peut prendre des journées entières pour récupérer ne serait-ce que des idées banales.
[...]
- Monsieur Sharif, vous ne comprenez pas la finalité des bibliothèques. On ne les explore pas en s'attendant à obtenir une réponse précise à sa question-brûlante-du-moment. Ce n'est pas comme ça que ça marche. Les milliers de fois où je suis parti en chasse parmi elles, j'ai rarement trouvé exactement ce que je cherchais. Vous savez ce que j'ai trouvé ? J'ai trouvé de réponses à des questions que je ne m'étais jamais posées. Ces réponses m'ont toujours lancé dans de nouvelles directions, et se sont presque toujours révélées plus fructueuses que ce que j'avais en tête au départ."
.
~ ~ ~
.
Mais le must, qui a retenu mon attention dans un pessimisme néanmoins on ne peut plus réel, c'est quand Tommie offre une petite "carte en plastique", qui correspond grosso modo à une clef USB, et annonce :
.
"Ceci est le British Museum et la British Library, numérisés et organisés en base de données [...]. Si on ne tient pas compte de ce qui n'est jamais entré dans une bibliothèque, tu as là un enregistrement complet de l'humanité jusqu'en l'an 2000. L'intégralité du monde prémoderne."
Robert soupesa la carte en plastique.
- Ca ne représente pas grand chose.
Tommie éclata de rire.
- Ma foi, non !"
.
~ ~ ~

6 commentaires:

... a dit…

c'est aussi le principe du grand classique Farenheit 51. petichap fait une constatation juste, mais c'est maintenant à nous qui avons grandit entre ces deux ères de veiller à ce qu'elles cohabitent au mieux, aprés, le fait que nos dirigeants et ceux qui recherchent le contrôle utilisent ces supports pour déformer l'histoire, les faits et les informations, cela à toujours été, que ce soit avec la parole, les courants de pensées et tout autre outil de communication.
A mes yeux, notre société est actuellement faite pour produire des illétrés, qui regardent les livres comme des objets dont ils ne comprennent pas le sens, j'entend de plus en plus souvent "j'ai lu deux pages de ce roman, j'ai rien compris, je l'ai jeté", je reste persuadé que notre système éducatif est fait pour cela, pour nous ramener à une époque où il était plus facile à des gens sans scrupules de manipuler les masses avec des concepts si énormes que des gens correctement éduqués et curieux de lire tout et n'importe quoi ne pourraient gober.
Nous entrons dans une époque ou nous perdons nos droits civiques, cela fait un bon moment que nous avons été sciemment dégoûtés de la lecture, de l'écriture et de la réflexion non remâchée pour nous par des médias dont les ficelles sont tellement grosses et sans contenu, tout cela nous entraîne vers nos scénarios filmesques que nous aimions tant, sur des futurs plus sombres les uns que les autres, et qui maintenant sont presque en place chez nous.

Elbereth a dit…

Oui, tu as parfaiement raison ; mais le pire du pire, c'est que nous sommes lâches, nous aussi. On a peut-être conscience du problème, de ces "ficelles tellement grosses" comme tu dis, mais concrètement, on ne fait pas grand chose pour empêcher la dérive... Il ne suffit pas de dire, il faut agir...
Mais comment agir me diras-tu ? Tout le problème réside ici : pourquoi révolutionner un univers qui se plie en quatre pour ton confort ? Et puis... la littérature est une perte de temps et d'argent, et en plus, elle fait réfléchir ! Grands dieux, c'est ignoble !

... a dit…

parfaitement d'accord avec toi trés sublime gertroude, je ne m'exclus sûrement pas de la masse vagissante, le mieux que je me sente capable de faire, c'est de partager mes passions, livresques et autres, ainsi que mes idées, avec quelques amis et des gens que nous rencontrons.

gros gros bisous à toi, flamboyance virevoltante!

PetitChap a dit…

Je me vois dans l'obligation de répondre...! ;)

Je crois qu'en fait il y a beaucoup de choses à dire sur ce sujet, bien trop que ce que je ne pourrais en mettre dans un simple commentaire... Il se pourrait donc que j'essaie de répondre à tout ça dans un article... si j'arrive à trouver le temps !

Pour ce qui est de la numérisation, je redis ce que j'ai déjà dit : elle est là, il faut faire avec. Je ne pense d'ailleurs pas ce soit une mauvaise chose. Elle apporte énormément de choses, notamment le fait de pouvoir consulter un ouvrage qui se trouve physiquement à l'autre bout du monde et qui s'avère être désormais disponible à portée de clic. Imagine un peu : l'idée de bibliothèque mondiale accessible à — presque — tous pourrait enfin voir le jour. Je trouve ça fascinant. Il suffit simplement de trouver un certain équilibre, et je ne doute absolument pas que nous y parviendrons. Chaque nouvelle avancée nécessite un temps d'adaptation, et je crois que nous sommes en pleine adaptation... Il y a toujours eu des gens réfractaires à toute avancée, tout comme il y a toujours eu des "fanatiques extrémistes" de ces mêmes avancées. Mais il y a du bon en chaque chose, il suffit simplement de le trouver.

Et je suis bien persuadée que le numérique ne tuera pas "l'objet-livre". Le livre évoluera, tout comme il a déjà beaucoup évolué. C'est tout.

Pour ce qui est de la lecture et de l'avis de David sur le fait que notre société produit « des illettrés qui regardent les livres comme des objets dont ils ne comprennent pas le sens », je ne suis pas d'accord avec ça. Je crois que c'est bien plus compliqué qu'il n'y parait. Les gens lisent, quoi qu'on en dise. Et les jeunes lisent aussi malgré l'idée qu'on s'en fait. Je crois qu'on ne prend pas le problème par le bon bout. On a une certaine idée de ce que devrait être la lecture (certains livres valent mieux que d'autres, etc), et là encore on se plante. La lecture, ce n'est pas uniquement lire les classiques. Les gosses, par exemple, surfent beaucoup sur Internet. Et surfer sur Internet, c'est lire, par exemple. Le souci, c'est qu'on leur explique que "ça ne compte pas"... Je crois qu'il faut s'adapter à tout ça, prendre le meilleur de chaque chose...

Oui, je crois que je n'arriverai pas à expliquer tout mon point de vue dans un seul commentaire. Promis, je vais essayer de faire un post rapidement... mais je vais d'abord terminer de lire mon bouquin du moment...! ;)

Elbereth a dit…

Oui, ta vision des choses se défend...
Le truc, c'est que j'ai jamais dit que la lecture sur le net était une mauvaise chose, simplement il ne faut pas oublier que le net est une plate forme où il y a beaucoup trop d'informations... Et que les "non-initiés" se fient à tout ce qui s'y trouve...
Alors lecture comme une autre, oui. Mais fausse déclaration, encore plus !

Je ne sais pas si j'arrive à expliquer convenablement... Ce que je veux dire, c'est que passer des heures entières à essayer de se documenter dans le Monde Parallèle est super dangereux... Et puis je ne supporte pas l'idée d'être fliquée à chaque clic ! Oui, c'est une toute autre idée, comme est une autre idée encore le concept de la bibliothèque mondiale numérique, mais je ne peux pas m'empêcher de penser que dès que vais quelque part dans ces vallées verdoyantes, dès que je note un truc, ya une intelligence artificielle qui fait un rapport sur ma vie !
Farfelue, l'idée ? Pas si sûr...

Elbereth a dit…

Et puis je n'ai qu'une chose à dire... Panne electique, électromagnitique, électronique ou tout autre truc qui se finit par "ique".