22 janvier 2009

Précieux Décombres

The Ruins of Otosan-Uchi, par Rob Alexander
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L’imaginaire a cela de particulièrement délicieux lorsqu’il associe un siècle à une grande et majestueuse demeure, enracinée dans un immense jardin, où des jeunes donzelles somptueusement parées paradaient en compagnie de leur prétendant ou de leur meilleure amie. Ils discutaient alors d’Amour, de mariage (quelle drôle d’idée), de chiffons, ou élaboraient quelque plan machiavélique ayant pour dessein de faire tomber la sournoise comtesse du Salon de Madame Trucmuch… A chacun ses occupations. Et cela ne fait pas partie de ce qui nous intéresse. Ces détails ne servent qu’à planter le décor… Puisque c’est précisément le décor qui nous intéresse.
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C’est la création dudit jardin… Puisque nous y trouverons quelques arbres ou arbustes, peut-être même un labyrinthe fait de haies [ mille excuses, Ô Hôte Paysagiste, je ne connais point le nom de ceci ], des bancs en pierre devant un petit bassin, quelques fontaines antiques, et à côté, une ruine… D’un temple jadis olympien, d’une statue à l’origine tellement imposante qu’elle en était intimidante, d’une merveille antique fonctionnelle désormais oubliée, peu importe, puisque ruine désormais, elle trône aujourd’hui au milieu de lierre et de mousse. Fondue dans la Nature, elle ne fait dorénavant plus qu’un avec l’Absolu.
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Il est des personnes qui n’auront pas de sensibilité liée à cette ruine. Ils n’y verront qu’un tas de pierres abandonnées, qu’un déchet qui ne peut qu’être oublié, voire détruit. Chronos y a fait son œuvre, l’intérêt en est perdu.
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Mais il en est d’autres qui y verront un sanctuaire sacré, une merveille qui a dépassé ce statut d’œuvre de l’homme aujourd’hui solitaire et dédaignée ; qui y verront un témoignage imposant, inestimable du Passé : le monument à présent rasé a, d’une certaine manière, fait un pied de nez à Notre Maître à tous, en résistant à toutes les dégradations naturelles que sont la fuite du Temps et les dévastations originelles de la Terre. Ceux-là y trouveront prétexte à la réflexion philosophique qui nous envahit à chaque retour à la Nature… La ruine, jusqu’alors dépréciée, devient le repaire pour quelques réflexions métaphysiques sur l’Ephémère, la Mort, et le Temps qui passe, qui passe, inexorablement…
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Pierres abandonnées, comme témoignage précieux d’une vie à présent oubliée…

La Fin des choses, qui devient éternellement supérieure, et aux mortels, et aux dieux...
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N’est-elle alors pas là, la vraie Beauté ?



2 commentaires:

Harkender a dit…

les vieilles pierres sont liées à l'Histoire, et donc à des émotions que tous ne peuvent ressentir, mais ce passé est tout autant important, voir vital, pour savoir où nous allons, j'aime les ruines, qu'elles soient majestueuses ou non, elles racontent une histoire dont il ne reste souvent rien d'autre, et qui parfois a été effacée.

excellent week end à toi gertroude merveilleuse!

Hilde a dit…

j'adore me promener dans les vieux châteaux que nous avons ici, les odeurs du bois et de la pierre sont incroyables.